Jocelyne Rouleau (TVA en direct)

Jocelyne Rouleau, gemmologiste et diamantaire de métier, nous raconte l’historique des perles et leur valeur.

Fin de semaine ! Vous êtes en train de faire un party d’huitres et c’est assez agréable à votre goût ? On est dedans là, ça fait que si y’ont de la difficulté à les ouvrir, une fois que c’est fait, on en profite ! Alors, mon invité est un amateur, Dany Carignan aime les huitres. Ça fait 29 ans qu’il en mange ! Et en fin de semaine, il se délectait jusqu’à ce qu’arrive une découverte surprenante, celle que vous voyez là. On s’est dit Dany va nous raconter comment ça s’est passé; monsieur Carignan va être là, et on va faire plus, on va se questionner, on va analyser son trésor. Bonjour Monsieur Carignan !

Bonjour Monsieur Paradis !

Ça fait 29 ans que vous mangez des huitres.

Exactement !

C’est bon pour la santé, vous êtes un homme en forme !

J’espère !

Dites donc, qu’est-ce qui s’est passé ? Est-ce en fin de semaine que vous avez fait votre découverte spéciale ?

Oui, samedi sur l’heure du souper.

Comment ça s’est passé ? Racontez-moi un peu l’évènement.

Ok. Moi et ma conjointe on décide de manger des huitres pour le souper, avec du pain et du fromage. On va chercher ça chez IGA à Shawinigan, 2 petites caissettes de 24 huitres par caisse, puis un moment donné en ouvrant une huitre, je ne la vois pas la perle à ce moment-là, je me la mets dans la bouche, oups ! je sens un petit morceau qui est rond, doux, je dis à ma conjointe « Tu ne devineras pas ce que j’ai dans la bouche » ! Elle me dit tout de suite « une perle ». Effectivement, je sors ça de ma bouche, j’avais une perle.

Écoutez, on doit dire que ces huitres-là proviennent d’un producteur du Nouveau-Brunswick, et que, vous corroborerez les chiffres que je vais donner, sur 5 ou 6 millions d’huitres produites par année, lui, on ne lui a jamais rapporté avoir trouvé une perle dans ses huitres, Monsieur Carignan.

Exactement.

Avez-vous contacté le marchand et le producteur pour faire part de votre découverte ?

Je suis allé voir le producteur, c’est-à-dire, j’ai appelé le producteur, monsieur Amedé Savoie au Nouveau-Brunswick, pour savoir qu’est-ce qui en était, si ça arrivait souvent d’avoir une perle dans une huitre comme ça, puis il m’a dit que c’est la première fois qu’un client l’appelait et qu’il lui disait qu’il avait trouvé une perle.

Avez-vous votre bijou avec vous ?

Oui, je l’ai effectivement avec moi.

Montrez-moi ça ! On est tu capable avec la caméra de montrer la perle de monsieur Carignan, qu’il n’a pas achetée nulle part, qu’il a découvert dans l’huitre qu’il a ouverte et qu’il a eu le plaisir à déguster jusqu’à ce qu’il sente ce petit truc-là. Montrez-moi ça cette perle-là, de quoi ça a l’air et à quoi elle ressemble. Ah la voilà ! Quand vous l’avez davantage devant vous, parfaitement ronde monsieur Carignan ?

Oui, parfaitement ronde.

Qu’est-ce que vous avez fait avec ça d’abord ? Je sais que vous en ferez un bijou ?

Oui.

Vous allez donner ça à qui ?

Ma conjointe.

Elle sait déjà son cadeau de Noël ?

Oui, déjà !

Avez-vous fait évaluer la perle en question ?

Oui, je suis allé la faire évaluer chez Dugré, puis ils m’ont dit que ça valait environ 25 $. Parce qu’elle n’est pas assez blanche encore, il manque de nacre autour, parce que pour former une perle, l’huitre produit du nacre, et plus elle en a après le grain de sable, plus ça devient blanc. Elle est blanche, mais pas assez blanche encore.

Est-ce qu’elle aurait pu grossir davantage ?

Je n’en ai aucune idée. En principe oui.

Parce que, à la limite, hypothèse, vous gardez cette huitre-là, vous ne la mangez pas, la perle va gagner en qualité ?

En qualité et en volume probablement.

Avez-vous acheté d’autres caissettes ? des fois que vous en retrouveriez, parce que pour faire un collier, il vous en manque quelques-unes.

On va laisser faire le collier, je crois.

On va faire un petit objet unique. Monsieur Carignan, belle et drôle d’aventure que plusieurs vous envient, merci infiniment de nous avoir montrer ça Monsieur Carignan.

Ça m’a fait plaisir !

Bien gentil ! Dany Carignan qui fait son party d’huitres, qui mange ses huitres et un moment donné, il découvre ça. Moi, je veux en savoir davantage, comment ça marche ? Qu’est-ce que c’est une perle dans une huitre ? Comment ça se forme ? Est-ce que ça peut grossir davantage ? On va aller chercher la pro dans le domaine de la joaillerie, Jocelyne Rouleau qui est gemmologue et diamantaire, évaluatrice certifiée qui est à mes côtés et qui a apporté un paquet de trucs pour nous raconter un peu l’histoire. Bonjour Madame Rouleau !

Bonjour Monsieur !

C’est rare ce que monsieur Carignan a découvert.

Oui, c’est vraiment une rareté. Le monsieur a tout à fait la bonne piste en disant que quand il n’y a pas beaucoup de nacre autour de la perle, ça vaut moins cher, mais c’est un souvenir extraordinaire qu’il doit garder, et même, ça devient un objet de leur patrimoine familial.

Madame Rouleau, une perle, corrigez-moi si je dis des folies, j’ai toujours pensé un grain de sable dans une huitre, un moment donné, corps étranger et pour se défendre, l’huitre la transformera en l’enrobant.

Vous avez raison. Ce que vous décrivez est ce qu’on appelle une perle naturelle. Je vous dirais qu’à peu près 100 % de ce qu’on voit sur le marché actuellement partout dans le monde, c’est vraiment de la perle de culture.

Lui, est-ce qu’il a une naturelle ?

Oui, lui c’est une naturelle. Il n’a pas eu l’intervention de l’homme. À partir du moment où il y a l’intervention de l’homme, ça devient une perle de culture. Elle peut être de culture en eau douce ou en eau salée.

Qui va faire quoi comme différence ?

Ah ce n’est pas du tout la même chose !

Sur la qualité du bijou ?

Ce n’est surtout pas la même valeur. Parce qu’en fait, une perle d’eau salée, c’est un petit mollusque.

Ok, là on va vous montrez des trucs. Regardez bien là. On va aller vers là et on ne les bougera pas, on va les montrer, Jean-Loup va être en mesure de nous montrer ça.

Alors c’est un petit mollusque qu’on appelle une perle… un mollusque qui s’appelle « amaya » donc, et on place dans la gonade, dans l’organe sexuel du mollusque, on place une bille de nacre, qui elle va se défendre de ce corps étranger. Le mollusque se défend et il se met à sécréter de l’aragonite et de coquéline, ce qui fait que la nacre… Ce qui devient un noyau de plus en plus gros d’une année à l’autre.

Je veux bien comprendre, je veux que les gens comprennent à la maison. On va prendre dans une perle cultivée qu’on va introduire à l’intérieur d’un mollusque comme celui-là quelque chose qui forcera l’huitre à réagir.

La réaction, qui peut arriver aussi de façon naturelle comme dans le cas de monsieur Carignan.

Pourquoi j’en ai une petite et une grosse ?

Je vais vous le dire. Parce que j’ai apporté 2 mollusques, 2 coquillages finalement. Ce coquillage-là est un coquillage qui fabrique plutôt des perles de Tahiti, des perles noires de Tahiti.

Ça ?

Oui. Si on retourne ça…

On va le retourner doucement.

On va le faire. Regardez vraiment l’irisation, les couleurs vraiment multicolores. C’est ce qui donne les perles de Tahiti, donc les perles plus foncées.

Juste avant, une perle ici, ça c’est l’exemple de ce que ça va produire au bout du compte ?

Exactement.

Ok. Perle de Tahiti. On se fait un cours 101 de perles. Perle de Tahiti, monsieur le réalisateur, c’est le coffret bleu que j’ai ici. Perle noire, on disait, ce que je crois comprendre à travers mes lectures, au même titre que pour un type de diamant plus dispendieux que d’autres, la perle noire est la plus dispendieuse dans la catégorie des perles. Je me trompe ou pas ?

C’est vrai, mais en considérant une certaine qualité dans les 2 cas. Ce qui veut dire qu’on pourrait avoir une perle de Tahiti de mauvaise qualité qui vaudrait beaucoup moins cher qu’une perle d’eau salée de bonne qualité.

Pourquoi est-ce qu’elles sont noires ?

À cause de la nourriture qui a dans les atolls, qui, la plupart du temps, est cultivé en Polynésie française, Tahiti entre autres. Alors c’est vraiment le type de nourriture. On sait que les atolls sont d’anciens volcans éteints et ça ne produit pas du tout la même qualité d’eau et surtout le même plancton et la même nourriture pour les mollusques.

J’ai vu des colliers, madame, monsieur, j’ai vu des colliers de perles où les perles ne sont pas rondes, elles sont de forme…

C’est ce qu’on appelle semi-ronde, ou carrément des perles baroques. Mais je vous dirais que…

Qui sont des perles naturelles encore une fois ou qui sont cultivées ?

Ce sont des perles cultivées. Là on ne parle plus que des perles cultivées, parce que des perles naturelles, c’est un accident de la nature, comme le monsieur, ou on en trouve encore un peu autour du golf persien. Ce sont beaucoup les gens d’Arabie qui possèdent ces perles-là.

La perle qui n’est pas tout à fait ronde, est-ce que c’est une perle ratée ?

Non, pas du tout. Elle peut être d’eau douce ou d’eau salée, mais probablement qu’au moment de la croissance de la perle, il y a eu des vagues de fond. Il y a eu quelque chose qui est arrivé, ou le petit noyau qu’on aurait incrusté s’est déplacé dans le mollusque et c’est ce qui a fait que la nacre s’est mis à se développer seulement d’un côté. C’est ce qui a créé une perle plus ovale.

Bon. La sienne est naturelle.

Oui, et elle est ronde !

Je vais prendre un terme bizarre dans ma tête à moi, elle est un peu avant-terme. Il aurait fallu qu’elle soit davantage formée pour valoir d’avantage parce qu’il avait un petit bijou naturel rond. À la base, si elle avait été plus grosse…

Et très nacrée, elle aurait pu valoir 500 $, 1000 $. Parce que 50 % de la valeur d’une perle, c’est la nacre, donc la qualité de la nacre, et le lustre.

Je sais que vous vouliez me faire un… « je vais vous mettre au défi » pas de trouble Madame Rouleau, je n’ai pas de problème avec ça ! Vous voulez que je devine quelque chose. Il y a 2 colliers.

Lequel est le vrai, ça ou ça ?

Lequel est le vrai, ça veut dire qu’on a des…

Lequel est un collier de perles… parce qu’il y a aussi des perles synthétiques. Lequel est synthétique ?

Comme les diamants et tout ça ?

Oui, effectivement. Alors fabriqué carrément en laboratoire. Il y a 1 des 2 colliers qui est un collier de perles qu’on appelle Majorica.

Entre lui ou lui ?

Oui, effectivement.

Ok. Entre ces deux-là, amusez-vous à la maison pour le fun, lequel entre ces deux-là est un synthétique ou un naturel ? Je vous dirais que la façon la plus facile pour le déterminer quand vous êtes à la bijouterie, je vais vous donner un truc, vous regardez l’étiquette de prix.

Vous avez raison !

Ça, c’est le premier test ! Moi j’ai l’impression que… J’aurais tendance à aller sur celui-là.

Qui serait des perles cultivées ? Non. Ce collier-là est un collier Majorica qui vaut maximum 300 $, mais ce collier-là est un collier de perles de culture qui, neuf, vaudrait autour de 3 000 $, mais vous savez qu’à la Boîte à Bijoux on ne vend que des bijoux d’occasion, on n’a pas de bijou neuf, donc on vend 1 500 $ taxes comprises.

Ben voyons donc ! Pour un non-spécialiste, quel est le truc que je vois pour que…

Je vais vous donner un petit truc. La question de faire crisser la perle sous la dent; ça veut dire que ça griche un peu, ce n’est plus vrai. Autrefois, on pouvait dire que si ça crisse sous la dent, c’est de la vraie perle. Maintenant, ça serait long. Ça vous prendrait le cours 102 pour vraiment vous expliquer tous les détails, mais je vous dirais : quand vous prenez une petite loupe, si vous voyiez des petites piqures, des petits défauts dessus, il y a plus de chance que ce soit vrai. Donc, on parle de collier de perles de culture en eau salée.

Le trop parfait est souvent synthétique.

Il faut faire attention. Mais remarquez qu’il y a aussi des très parfaits. Je suis en train d’en évaluer un justement aujourd’hui, que je n’ai pas fini d’évaluer, mais qui va sortir au moins tout près de 4 000 $; il n’y a pas de piqure dessus.

Il n’y a pas de limite, Madame Rouleau; je fais juste une parenthèse, je veux montrer ce qu’on était allé chercher comme information ce matin. Une employée de la Maison Sonobrié qui porte un collier de perles, vous allez voir à l’écran, un collier de perles naturelles qui devrait être adjugé d’un prix allant entre 900 000 $ et 1 300 000 $ selon les estimations des experts lors de la vente de bijoux qui va avoir lieu dimanche. C’est à Genève, c’est un des nombreux bijoux qui seront offerts aux nantis de ce monde, bien sûr. Ce qui va faire la différence, évidemment le nombre de perles dans un collier comme celui-là Madame Rouleau ?

Oui ! Et la grosseur vient influencer beaucoup, et la couleur. Un collier de couleur crème vaut moins cher qu’un collier de couleur rosée. Un collier qui est teint vaut moins cher qu’un collier qui est naturellement de cette couleur-là.

Je vais vous poser une dernière question en vous remerciant d’avoir tout fait ça pour nous pour qu’on comprenne davantage. Les perles, bijoux à la mode ?

Un classique, un intemporel qu’on doit léguer de mère en fille.

Ça été agréable ! Merci Madame Rouleau ! Vous savez tout sur les perles maintenant, vous savez tout sur le cadeau que vous avez demandé. Monsieur, vous n’aurez plus le choix, votre conjointe sait tout maintenant, vous n’avez même plus le choix !